Cérémonie pour la mémoire des victimes de la déportation
En cette journée de commémoration des victimes et des héros de la déportation, j'ai assisté à différentes commémorations. Celle de Château Thierry ce matin puis celle de la commune nouvelle de Vallée en Champagne (à Baulne en Brie) où à l’invitation du Maire Bruno LAHOUATI, vice-président de l’agglomération de Château Thierry, j’ai prononcé le discours suivant.
"Comme chaque année, nous nous réunissons en ce dernier dimanche d’avril, pour nous souvenir des victimes de la déportation. Six millions de morts. Six millions d’individus, de parents, d’amis, furent déportés, torturés et assassinés.
Nous connaissons les chiffres, qui résonnent dans nos têtes, mais imaginer la réalité de ces camps est pour beaucoup d’entre nous impossible.
Alors qu’au fil des ans les survivants disparaissent, les commémorations sont une manière de se souvenir, un moment hors du temps dans lequel chacun songe à l’indicible, un moment de recueillement. Ces cérémonies forcent chacun d’entre nous à s’interroger, à regarder dans le passé pour ne commettre, à nouveau, l’abject.
Nous devons nous imposer un regard distancié, un regard objectif sur la déportation. Oui, aux côtés des forces occupantes, l’État français est responsable. La France était à Vichy. La France a fait le Vel d’Hiv. Jacques Chirac, en reconnaissant la responsabilité française dans la déportation de nos compatriotes juifs, homosexuels, roms, handicapés, résistants a attesté notre capacité collective à admettre ses erreurs. Il ne s’agit pas de se repentir, mais d’être lucide. À ce moment de son histoire, la France était divisée.
Reconnaître nos fautes, c’est aussi accepter nos triomphes et honorer ceux qui se sont dressés face à l’obscurantisme : la France était résistante, les Français aussi ont protégé leurs concitoyens de confession juive. N’oublions pas les horreurs, mais souvenons-nous de cette capacité à lutter contre l’abject.
Les témoignages entendus tout à l’heure nous ont rappelé tout cela et j’ai pensé à cet instant à film vu récemment « les enfants de la chance ».
Demain, n’oublions pas ce qui fut construit par nos aïeux. La coopération internationale, la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen de 1948, la construction européenne : institutions et textes controversés mais pourtant instruments de paix depuis plus de 60 ans sur notre territoire. Il est de notre devoir collectif, de faire de cette journée plus qu’une commémoration, mais de montrer notre engagement en faveur du respect des droits de l’homme partout dans le monde en commençant par la France.
Présent ce dimanche pour rendre hommage à celles et ceux qui ne revinrent jamais des camps de la mort, victimes d’un régime qui je le rappelle avait été élu démocratiquement.
Il nous faudra savoir retenir les leçons de l’histoire et toujours honorer leur mémoire.
Je vous remercie."
