Nouvelle mandature : défis et équilibre des pouvoirs

Alors que les néo-députés s’installent dans leurs fonctions et que les groupes parlementaires sont formés, nous apercevons désormais les premiers défis que devront affronter les responsables politiques nationaux.
Conseiller régional UDI, appartenant à la majorité de Xavier BERTRAND, j’observe avec attention cette nouvelle période qui s’ouvre pour notre vie politique nationale. Une période où les clivages entre la droite et la gauche s’amenuisent, où les projets et propositions de lois font l’objet de consensus circonstanciels. Fidèle à Xavier BERTRAND, je sais qu’être constructif ne signifie pas signer un chèque en blanc et n'oblige pas à se rallier au pouvoir en place. Être constructif c’est vouloir agir avec pragmatisme pour notre pays, ce que nous faisons, chaque jour, au Conseil régional.
L’éducation, la maitrise de nos finances publiques et la relance de notre économie seront au cœur des débats estivaux.
Nous ne pouvons qu’approuver le volontarisme de Jean-Michel BLANQUER, ministre de l’Éducation nationale. Remettre les savoirs fondamentaux au cœur des apprentissages est plus que jamais nécessaire. Le dédoublement des classes de CP dans les établissements d’éducation prioritaire est aussi une réforme de bon sens : nous souhaitons tous lutter contre les inégalités scolaires induites par des inégalités sociales.
Toutefois, comment ouvrir de nouvelles classes dans des infrastructures d’ores et déjà saturées ? Quels moyens humains, matériels et financiers seront dévolus à cette nouvelle politique éducative ? De nombreuses questions restent aujourd’hui sans réponse.
Sur la maîtrise de nos finances publiques, Bruno LE MAIRE, ministre de l’économie et des finances, affiche lui aussi une politique de bon sens. La parution du rapport de la Cour des comptes dans les prochains jours nous aidera à appréhender la situation des finances de l’État, espérons que le gouvernement tiendra ses engagements de sérieux et ne succombera pas à la tentation d’ouvrir les caisses pour contenter chaque ministère.
Modifier et simplifier notre code du travail est une réforme consensuelle. Donner de la flexibilité et rendre aux acteurs économiques leur liberté permettra de libérer les énergies créatrices d’emploi et de richesse. J’ai cependant un problème majeur avec la méthode du gouvernement. Cette question du droit du travail est épineuse, priver les parlementaires d’un examen approfondi du texte en ayant recours aux ordonnances ne permettra pas l’émergence d’un débat sain et utile à notre démocratie.
Finalement, le recours aux ordonnances illustre peut être la vision du pouvoir d’Emmanuel MACRON. Françoise FRESSOZ, éditorialiste au journal Le Monde, titrait aujourd’hui « MACRON, plus Bonaparte que Montesquieu ». Montesquieu, philosophe des Lumières, qui théorisait la séparation de trois ordres de pouvoir : l’exécutif, le législatif et le judiciaire. La démocratie n’est saine que quand les trois sont indépendants. Or, les députés La République En Marche, élus sous la bannière Macron, disposent-ils d’une indépendance suffisante à l’égard du Président ? Autre actualité, même message : le Président envisagerait de réunir les parlementaires en Congrès le 3 juillet… Soit un jour avant le discours de politique générale du Premier ministre, reléguant ce dernier à simple collaborateur.
Élu constructif, observateur vigilant. Vous l’aurez compris, bien que positif sur le fond, la conduite du pouvoir d’Emmanuel MACRON doit collectivement nous interroger : le renforcement du présidentialisme ne se fait-il pas en dépit de la démocratie ?
Amicalement,
Dominique MOYSE